PQQ : le cofacteur méconnu qui régénère vos mitochondries
- Dr Nicolas Dedieu 
- il y a 3 jours
- 6 min de lecture
Brouillard mental ? Fatigue persistante que le repos ne corrige pas ?
Et si la réponse se trouvait non pas dans votre café, mais au cœur de vos cellules ?Depuis quelques années, une petite molécule attire l’attention des chercheurs en biologie cellulaire et en médecine fonctionnelle : la PQQ, ou pyrroloquinoléine quinone.
Cette quinone naturelle, encore peu connue du grand public, joue un rôle clé dans la production d’énergie mitochondriale, la résilience au stress oxydatif et la prévention du vieillissement cellulaire.
Plongée au cœur de cette molécule fascinante, souvent qualifiée de “vitamine oubliée”.

Une molécule au cœur du métabolisme cellulaire
La PQQ appartient à la famille des ortho-quinones, des composés capables d’accepter et de transférer des électrons.Initialement identifiée chez certaines bactéries comme cofacteur enzymatique de déshydrogénases, elle s’est révélée beaucoup plus universelle : présente dans les plantes, les levures, les tissus animaux et même dans les fluides biologiques humains (plasma, bile, lait maternel).
Contrairement à la majorité des cofacteurs cellulaires, l’organisme humain ne synthétise pas la PQQ. Elle doit donc être apportée par l’alimentation, voire la complémentation, ce qui rapproche sa fonction biologique de celle d’une vitamine de nouvelle génération (Bishop et al., Nutr Rev, 1998).
Des études récentes ont confirmé que son absence dans l’alimentation de modèles animaux entraîne un ralentissement de la croissance néonatale, une baisse des défenses immunitaires et une diminution du contenu mitochondrial.
Autrement dit : sans PQQ, les cellules manquent d’énergie et de capacité de régénération.
Des sources alimentaires modestes mais précieuses
Les apports naturels en PQQ proviennent principalement du règne végétal :on la retrouve dans le persil, les poivrons verts, les tomates, les kiwis, la papaye, le thé vert et le soja. Le natto, plat japonais à base de soja fermenté, en contient les concentrations les plus élevées.
Mais les teneurs alimentaires restent faibles : de l’ordre du nanogramme à quelques microgrammes par portion.L’apport journalier moyen estimé dans la population humaine se situe entre 100 et 400 µg, très en deçà des quantités utilisées dans les études cliniques (10 à 20 mg/jour).
C’est pourquoi l’EFSA (European Food Safety Authority) a validé en 2017 l’usage du sel disodique de PQQ sous la marque BioPQQ® ou MGCPQQ®, avec une dose journalière sûre jusqu’à 20 mg. Cette forme brevetée, d’origine japonaise, est aujourd’hui la seule autorisée dans l’Union européenne et aux États-Unis.
PQQ et biogenèse mitochondriale : le lien direct avec l’énergie cellulaire
Les mitochondries sont les véritables centrales énergétiques de nos cellules.Elles convertissent les nutriments en ATP, la monnaie énergétique universelle du corps. Mais leur nombre et leur efficacité diminuent avec l’âge, le stress, les toxines, l’inflammation chronique et la sédentarité.
C’est ici que la PQQ se distingue : elle stimule la biogenèse mitochondriale, c’est-à-dire la formation de nouvelles mitochondries fonctionnelles. L’étude fondatrice de Chowanadisai et al. (J Biol Chem, 2010) a montré que la PQQ active la voie CREB/PGC-1α, un axe majeur du métabolisme énergétique. Cette cascade favorise la multiplication des mitochondries et augmente leur efficacité respiratoire.
Chez des animaux privés de PQQ, le contenu mitochondrial hépatique chute de 30 à 40 %.
La supplémentation inverse cet effet, améliorant la production d’énergie, la résistance à la fatigue et la fonction métabolique globale.
Un antioxydant 5000 fois plus puissant que la vitamine C
Au-delà de son rôle mitochondrial, la PQQ est un antioxydant redox recyclable, capable de neutraliser les radicaux libres tout en se régénérant. Contrairement à la vitamine C, qui s’oxyde après usage, la PQQ peut effectuer des milliers de cycles redox successifs avant d’être inactivée.
Son pouvoir réducteur est estimé jusqu’à 5000 fois supérieur à celui de la vitamine C et plusieurs dizaines de fois supérieur à certains polyphénols comme les catéchines du thé vert.
Mais son action va bien au-delà de la simple neutralisation des ROS :elle active les voies de signalisation NRF-1 et NRF-2, déclenchant la synthèse d’enzymes antioxydantes endogènes (SOD, catalase, glutathion peroxydase). Ce mécanisme fait de la PQQ un véritable modulateur de la réponse antioxydante, capable d’induire une adaptation cellulaire durable face au stress oxydatif.
Un soutien majeur pour le cerveau et la cognition
Le cerveau, particulièrement riche en mitochondries et en lipides polyinsaturés, est extrêmement sensible au stress oxydatif. La PQQ a démontré une capacité neuroprotectrice remarquable dans de nombreux modèles expérimentaux.
Elle stimule la synthèse du Nerve Growth Factor (NGF), favorisant la survie et la régénération des neurones (Murase et al., 1993). Elle réduit la formation de fibrilles amyloïdes, impliquées dans la maladie d’Alzheimer (Kim et al., Prion, 2010), et protège les membranes neuronales de la peroxydation lipidique.
Chez des rats soumis à un stress oxydatif aigu, la PQQ a prévenu les troubles cognitifs et restauré les performances d’apprentissage (Ohwada et al., J Clin Biochem Nutr, 2008). Chez l’humain, plusieurs essais cliniques suggèrent une amélioration de la mémoire et de l’attention après 8 semaines de supplémentation à 20 mg/jour, surtout lorsqu’elle est associée à la Coenzyme Q10.
En clinique, cette synergie est précieuse dans les états de fatigue cérébrale, les brouillards cognitifs post-infectieux ou les phases de récupération après stress prolongé.
Protection cardiaque, hépatique et intestinale
La PQQ ne se limite pas au cerveau. Elle exerce des effets protecteurs sur le cœur, le foie et la barrière intestinale.
Au niveau cardiaque, elle réduit les dommages liés à l’ischémie-reperfusion (modèles d’infarctus expérimental) en limitant la peroxydation lipidique et en préservant la fonction contractile myocardique.
Au niveau hépatique, elle protège le foie du stress oxydatif et de la stéatose en activant les voies de réparation de l’ADN et en améliorant le métabolisme lipidique (Huang et al., Exp Ther Med, 2015 ; Qiu et al., IJMS, 2021).
Enfin, son rôle sur la barrière intestinale est désormais bien documenté.Chez le porc, modèle proche de l’humain, la PQQ a montré une réduction de l’inflammation intestinale induite par E. coli entérotoxigène, en inhibant la voie NF-κB et en restaurant la production de butyrate, acide gras à courte chaîne anti-inflammatoire (Huang et al., Front Microbiol, 2020).
Ces résultats ouvrent des perspectives dans la prise en charge des dysbioses intestinales, de la perméabilité muqueuse et des syndromes inflammatoires chroniques de bas grade.
PQQ et longévité cellulaire : au carrefour de la performance et du vieillissement
La PQQ agit sur plusieurs leviers de la longévité mitochondriale :
- elle favorise la biogenèse de nouvelles mitochondries, 
- réduit la production de radicaux libres, 
- améliore la réparation cellulaire, 
- et préserve la signalisation métabolique liée à l’énergie (AMPK, sirtuines). 
En activant ces axes de régulation, la PQQ soutient la résilience cellulaire face aux stress chroniques (inflammatoire, oxydatif, psychique) et participe à la prévention du déclin énergétique lié à l’âge.
Certains chercheurs la qualifient même de “nutriment de longévité”, au même titre que la niacinamide ou la CoQ10.
Sécurité, dosage et tolérance
Les études toxicologiques établissent une excellente sécurité d’emploi.
Les études cliniques menées chez l’adulte sain montrent une tolérance parfaite jusqu’à 60 mg/jour pendant 4 semaines.
Les bénéfices physiologiques sont observés pour des doses comprises entre 10 et 20 mg/jour, correspondant aux recommandations les plus courantes.À ce jour, aucune interaction médicamenteuse ni contre-indication n’a été rapportée.
La PQQ peut être associée à la CoQ10 (synergie mitochondriale), à la vitamine B3 (soutien des NAD⁺), à la N-acétylcystéine (précurseur du glutathion) et aux polyphénols antioxydants (quercétine, EGCG) pour une approche intégrative du métabolisme énergétique.
Applications cliniques en santé fonctionnelle
En médecine fonctionnelle et intégrative, la PQQ est un levier intéressant dans plusieurs contextes :
- Fatigue chronique et mitochondriale : restauration du potentiel énergétique cellulaire. 
- Troubles cognitifs, stress oxydatif cérébral : amélioration de la neuroplasticité et réduction de la peroxydation lipidique. 
- Syndrome métabolique, stéatose hépatique : activation du métabolisme lipidique et réduction de l’inflammation hépatique. 
- Dysbiose intestinale et perméabilité : soutien de la barrière épithéliale et modulation du microbiote. 
- Prévention du vieillissement cellulaire : stimulation des voies NRF-2 et PGC-1α pour une longévité métabolique accrue. 
À retenir
- La PQQ est un cofacteur essentiel de la biogenèse mitochondriale. 
- Elle possède une activité antioxydante exceptionnelle et soutient la neuroprotection. 
- Elle agit en synergie avec la CoQ10 et pourrait représenter une nouvelle “vitamine de la longévité”. 
- Son intérêt clinique s’étend de la fatigue chronique au vieillissement cérébral, en passant par la prévention métabolique et intestinale. 
Références principales
Bishop A et al., Nutr Rev, 1998
Chowanadisai W et al., J Biol Chem, 2010
EFSA Panel NDA, EFSA J, 2017
Huang Y et al., Exp Ther Med, 2015
Huang C et al., Front Microbiol, 2020Kim J et al., Prion, 2010
Rucker R et al., Alt Med Rev, 2009
Jonscher K & Rucker R, Biomolecules, 2021



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