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Photo du rédacteurDr Nicolas Dedieu

Candidose digestive : comprendre et traiter cette infection fongique par une approche fonctionnelle


La candidose digestive, causée par le champignon Candida albicans, est une infection fréquente mais souvent sous-diagnostiquée. Ce champignon fait partie intégrante du microbiote intestinal, mais il peut devenir un ennemi redoutable lorsqu’il prolifère de manière incontrôlée. Cette prolifération peut entraîner des symptômes variés et débilitants, allant de simples inconforts digestifs à des troubles plus graves tels que des infections récurrentes, de la fatigue chronique, des douleurs articulaires, voire des perturbations psychologiques comme le brouillard mental.


Malheureusement, la candidose digestive est souvent mal comprise, aussi bien par les patients que par certains praticiens. Elle nécessite une approche de soin globale, en profondeur, et personnalisée. La médecine fonctionnelle, qui s’intéresse aux causes sous-jacentes des pathologies, offre ici une solution particulièrement efficace pour traiter la candidose digestive de manière durable.


Dans cet article, nous allons explorer les mécanismes sous-jacents de cette pathologie, ses symptômes les plus courants et comment l’approche fonctionnelle peut offrir des solutions complètes pour rétablir la santé intestinale et prévenir les récidives.



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Qu’est-ce que la candidose digestive ?


Le Candida albicans est une levure naturellement présente dans notre microbiote intestinal, et en petites quantités, il cohabite avec les bactéries et autres micro-organismes de manière harmonieuse. Cependant, lorsqu’il prolifère de manière excessive, il devient pathogène et peut provoquer une large gamme de symptômes. Ce déséquilibre, appelé dysbiose, affecte non seulement la santé intestinale, mais aussi le système immunitaire, provoquant des perturbations qui peuvent s’étendre à l’ensemble de l’organisme.


Parmi les facteurs qui favorisent cette prolifération anormale de Candida albicans :


• Alimentation déséquilibrée : Une alimentation riche en sucres, en glucides raffinés, et pauvre en fibres favorise la multiplication du Candida. Ce champignon se nourrit essentiellement de sucres, c’est pourquoi il est si important de rééquilibrer l’alimentation en limitant les sucres rapides et en augmentant la consommation de légumes, de bonnes graisses, et de fibres.


• Utilisation prolongée d’antibiotiques : Les antibiotiques, s’ils sont indispensables dans certaines situations, détruisent malheureusement une grande partie des bactéries bénéfiques du microbiote intestinal, laissant le champ libre à des micro-organismes opportunistes comme le Candida albicans.


• Stress chronique : Le stress joue un rôle majeur dans le développement des candidoses. En effet, le stress chronique entraîne une production accrue de cortisol, une hormone qui perturbe les défenses immunitaires et favorise l’inflammation, créant ainsi un terrain propice à la prolifération du champignon.


• Dysbiose intestinale : Un déséquilibre général du microbiote, causé par une alimentation inadaptée, l’utilisation de certains médicaments ou des infections antérieures, permet au Candida de s’installer plus facilement et de se développer.



Symptômes de la candidose digestive


La candidose digestive peut provoquer une variété de symptômes, souvent non spécifiques, ce qui rend son diagnostic particulièrement difficile. Voici les manifestations les plus courantes :


• Troubles digestifs : Ballonnements, flatulences, diarrhée ou constipation sont les signes les plus fréquents. Ces troubles résultent de l’effet irritant du Candida sur la muqueuse intestinale, qui peut aussi entraîner une inflammation et une altération de la perméabilité intestinale (syndrome de l’intestin poreux).


• Fatigue chronique : Le corps dépense beaucoup d’énergie à essayer de combattre la prolifération du Candida, ce qui peut entraîner une fatigue intense, souvent accompagnée d’un brouillard mental.


• Envie de sucre : Le Candida se nourrit de sucres, et sa prolifération peut déclencher une envie incontrôlable de sucreries chez les personnes infectées.


• Infections répétées : Les candidoses ne se limitent pas à l’intestin. Les personnes atteintes souffrent souvent de mycoses buccales, vaginales ou cutanées récidivantes.


• Troubles de l’humeur : Le lien entre le cerveau et l’intestin est bien documenté, et la candidose digestive peut être associée à des troubles de l’humeur tels que l’anxiété, la dépression ou l’irritabilité.


Ces symptômes peuvent passer inaperçus ou être attribués à d’autres pathologies, ce qui rend le diagnostic de candidose digestive difficile. Cependant, lorsqu’ils apparaissent ensemble, ils doivent alerter le praticien qui pourra alors orienter le patient vers des analyses spécifiques pour confirmer la présence du Candida albicans en excès.



Candidoses cutanées et muqueuses : un autre visage de l’infection


En plus de la candidose intestinale, les infections par Candida peuvent également affecter les muqueuses et la peau. Ces infections, bien que souvent localisées, peuvent être tout aussi débilitantes.


Les candidoses cutanées apparaissent généralement dans les zones de transpiration ou les plis de la peau, comme les aisselles, l’aine, ou entre les doigts et orteils. Ces zones sont chaudes et humides, créant un environnement favorable à la prolifération du champignon. Sur les muqueuses, la candidose se manifeste fréquemment sous forme de muguet dans la bouche, une infection courante chez les bébés, les personnes âgées, ou les personnes immunodéprimées.


Les candidoses vaginales (ou vulvo-vaginites) sont aussi très fréquentes chez les femmes, et peuvent se produire après des cures répétées d’antibiotiques, l’utilisation de contraceptifs hormonaux ou à la suite d’un déséquilibre hormonal comme durant la grossesse ou la ménopause.



Candidoses systémiques : une pathologie grave


La candidose peut parfois se propager au-delà du système digestif et devenir systémique, c’est-à-dire atteindre plusieurs organes via la circulation sanguine. Ces infections graves surviennent principalement chez des patients immunodéprimés, notamment ceux sous chimiothérapie ou après une greffe d’organe. La candidose systémique est une condition potentiellement mortelle qui nécessite une prise en charge hospitalière urgente.


L’infection systémique survient souvent après la colonisation d’un site digestif ou génito-urinaire par le Candida albicans, qui pénètre ensuite dans la circulation sanguine. Cette situation est fréquente chez les patients ayant des cathéters intravasculaires, ce qui permet au champignon de se propager.



Les facteurs de risque de la candidose digestive


Plusieurs facteurs augmentent le risque de développer une candidose digestive. Certains de ces facteurs sont liés à notre mode de vie et à notre alimentation, tandis que d’autres sont intrinsèques à notre état de santé ou aux traitements que nous suivons.


1. Médicaments : Les antibiotiques, les immunosuppresseurs, les anti-inflammatoires, et les corticoïdes sont parmi les médicaments qui perturbent le microbiote intestinal, favorisant ainsi la prolifération du Candida albicans. Les antibiotiques, en particulier, tuent les bonnes bactéries protectrices, laissant la voie libre à la prolifération des levures comme Candida.


2. Alimentation déséquilibrée : Une alimentation riche en sucres raffinés, en glucides simples et pauvre en fibres est l’un des principaux facteurs de risque. Ces aliments nourrissent directement le Candida et favorisent sa multiplication rapide.


3. Stress chronique : Le stress affecte directement le système immunitaire et digestif, augmentant la production de cortisol, une hormone qui affaiblit les défenses naturelles du corps. Un stress chronique augmente également la perméabilité intestinale, permettant ainsi au Candida de se développer plus facilement.


4. Porosité intestinale : Un intestin endommagé et inflammé est une porte ouverte aux infections. Lorsque la barrière intestinale devient poreuse, elle permet aux toxines, aux micro-organismes, et aux fragments de levures comme Candida de pénétrer dans la circulation sanguine, provoquant des symptômes systémiques comme la fatigue chronique, les douleurs musculaires et les intolérances alimentaires.



Approche fonctionnelle : traiter la candidose en profondeur


L’approche fonctionnelle se distingue des traitements classiques en ce qu’elle ne se concentre pas uniquement sur les symptômes, mais cherche à identifier et traiter les causes sous-jacentes du déséquilibre qui a permis la prolifération du Candida. Voici les principales étapes de cette approche globale :


Équilibrer l’alimentation :


Le rééquilibrage alimentaire est la première étape pour traiter la candidose. Une diète anti-candida vise à priver le champignon de sa principale source de nourriture, les sucres raffinés, tout en favorisant les aliments qui restaurent un microbiote sain. Il est conseillé de :

• Éliminer les sucres raffinés, les produits industriels transformés, les boissons sucrées et l’alcool.

• Consommer des légumes verts riches en fibres, des protéines maigres, des bonnes graisses (huile d’oliveextra vierge, huile de coco, avocat), et des aliments antifongiques naturels comme l’ail, le curcuma, et le gingembre.


• Introduire des fibres prébiotiques pour nourrir les bonnes bactéries du microbiote et aider à rétablir un équilibre favorable.


Réduire le stress :


La gestion du stress est une étape cruciale dans le traitement de la candidose. En effet, le stress chronique affaiblit l’immunité, perturbe les fonctions digestives et exacerbe la prolifération du Candida. Les pratiques de relaxation comme la méditation, la cohérence cardiaque, le yoga, ou encore la sophrologie permettent de réduire la production de cortisol et de rééquilibrer les hormones du stress. L’adoption d’un mode de vie plus sain, incluant une meilleure gestion du sommeil, est également primordiale.


Soutien du microbiote par la supplémentation :


La candidose digestive est souvent accompagnée d’une dysbiose, c’est-à-dire un déséquilibre du microbiote. Il est donc important de réensemencer l’intestin avec des bactéries bénéfiques à travers la prise de probiotiques. Les souches telles que Lactobacillus rhamnosus ou Saccharomyces boulardii sont particulièrement efficaces pour réduire l’activité du Candida et empêcher sa transformation en forme filamenteuse, plus agressive. De plus, la supplémentation en prébiotiques (fibres alimentaires spécifiques qui nourrissent les bonnes bactéries) aide à renforcer les défenses naturelles du microbiote.


Renforcer la barrière intestinale :


La candidose est souvent associée à une porosité intestinale (ou syndrome de l’intestin poreux), où la barrière protectrice de l’intestin est compromise. Il est essentiel de réparer cette barrière en renforçant la muqueuse intestinale. Pour cela, des compléments comme la L-glutamine, la vitamine D, le zinc et la vitamine A sont souvent prescrits pour favoriser la cicatrisation de la muqueuse. Des plantes apaisantes comme la camomille et la mélisse, ou des anti-inflammatoires naturels comme la curcumine, sont également bénéfiques.


Traitement antifongique naturel :


En complément de ces mesures, il est parfois nécessaire de recourir à des antifongiques naturels pour éradiquer le Candida. Les plus couramment utilisés sont :

• Huile essentielle d’origan : reconnue pour ses puissantes propriétés antifongiques, elle agit directement sur la membrane cellulaire du Candida.

• Extrait de pépins de pamplemousse : antifongique naturel, il aide à éliminer le Candida sans perturber outre mesure le microbiote.

• Acide caprylique : dérivé de l’huile de coco, il agit comme un antifongique doux mais efficace, empêchant la levure de proliférer.


Ces antifongiques naturels sont généralement préférés aux traitements médicamenteux plus agressifs, qui peuvent, eux aussi, perturber l’équilibre de la flore intestinale.


Phase de reconstruction du microbiote :


Une fois que la prolifération du Candida est sous contrôle, il est crucial de restaurer durablement le microbiote intestinal. Cela inclut non seulement l’introduction de probiotiques, mais aussi des prébiotiques et des aliments riches en polyphénols (comme les fruits et légumes colorés, le thé vert, ou le cacao), qui nourrissent les bonnes bactéries et favorisent leur croissance.



Le biofilm : notion clef des traitements contre la candidose


Un des mécanismes les plus redoutables du Candida albicans est sa capacité à créer un biofilm, une sorte de bouclier protecteur. Ce biofilm peut adhérer non seulement à des dispositifs médicaux comme les cathéters, mais aussi directement à la muqueuse intestinale. Cette couche protectrice agit comme une barrière, empêchant non seulement le système immunitaire de détecter et d’éliminer le Candida, mais aussi rendant les traitements antifongiques beaucoup moins efficaces.


Des études ont montré que les antifongiques classiques tels que la Nystatine, le Fluconazole ou la Vancomycine peuvent perdre leur efficacité en seulement 72 heures face à la formation d’un biofilm. Ce dernier agit comme un rempart contre les médicaments, permettant au Candida de continuer à proliférer, ce qui rend l’infection récurrente et difficile à traiter. L’élimination de ce biofilm est donc aujourd’hui reconnue comme une étape clé pour venir à bout des candidoses chroniques.


En médecine fonctionnelle, il est essentiel d’intégrer des stratégies spécifiques pour cibler et déstabiliser le biofilm. Cela peut inclure l’utilisation d’enzymes spécifiques, de probiotiques capables de perturber le biofilm ou encore de plantes antifongiques naturelles, comme l’huile essentielle d’origan ou l’extrait de pépins de pamplemousse, qui ont montré leur efficacité pour réduire l’intégrité de ces structures protectrices. Travailler en synergie pour affaiblir le biofilm et renforcer le microbiote sain permet non seulement de traiter la candidose de manière durable, mais aussi de réduire le risque de récidive.



Candidose et médicaments : un équilibre fragile


Le rôle des médicaments dans le déclenchement ou l’aggravation des candidoses digestives ne doit pas être sous-estimé. Parmi les médicaments les plus impliqués, on retrouve :


• Les antibiotiques : S’ils sont nécessaires dans certaines situations, leur utilisation répétée, sans accompagnement de probiotiques, favorise la destruction des bactéries bénéfiques et permet au Candida de proliférer.

• Les immunosuppresseurs : Utilisés pour traiter les maladies auto-immunes ou après une greffe, ils affaiblissent directement le système immunitaire, créant un terrain propice pour les infections opportunistes comme la candidose.

• Les contraceptifs hormonaux et les traitements hormonaux substitutifs : Ils modifient la chimie interne et peuvent favoriser l’apparition de candidoses chez certaines femmes, notamment en perturbant l’équilibre hormonal.

• Les anti-inflammatoires et les anxiolytiques : Ces médicaments, bien qu’indispensables dans certains cas, altèrent la fonction immunitaire et la santé intestinale à long terme.


Il est donc essentiel, dans le cadre d’une approche fonctionnelle, de toujours réévaluer l’utilisation de certains médicaments et de compenser leurs effets négatifs sur la flore intestinale.



La candidose digestive et l’intestin poreux


L’une des conséquences majeures de la candidose digestive est l’altération de la barrière intestinale, ce que l’on appelle communément le syndrome de l’intestin poreux. Lorsque la muqueuse intestinale devient perméable, elle laisse passer dans la circulation sanguine des particules qui ne devraient pas y être présentes, comme des toxines, des fragments alimentaires non digérés, ou des fragments de levures. Ce phénomène peut entraîner des réactions inflammatoires systémiques et des troubles auto-immuns.


Les personnes souffrant de candidose et d’intestin poreux peuvent ainsi développer des intolérances alimentaires, de la fatigue chronique, des troubles cutanés (acné, eczéma), et des douleurs articulaires. Réparer cette barrière est donc essentiel pour prévenir de futurs déséquilibres et restaurer une bonne santé digestive.



Stress et candidose : un lien indissociable


Le stress chronique est un véritable catalyseur pour de nombreuses pathologies, et la candidose ne fait pas exception. En augmentant les niveaux de cortisol dans le corps, le stress affaiblit nos défenses immunitaires, augmente l’inflammation, et altère les fonctions digestives. Cela crée un environnement favorable pour la prolifération du Candida et d’autres pathogènes.


Les personnes souffrant de candidose doivent absolument intégrer une gestion du stress à leur protocole de guérison. Il ne s’agit pas seulement de “faire face” au stress mental, mais aussi d’agir sur les différents stress physiologiques qui pèsent sur l’organisme : sommeil non réparateur, manque d’ensoleillement, surcharge de travail, alimentation déséquilibrée, ou encore exposition aux toxines.



Bouleversements hormonaux et candidose


Les déséquilibres hormonaux sont un autre facteur qui peut favoriser la prolifération du Candida. Chez les femmes, la prise de contraceptifs oraux, le cycle menstruel, la grossesse, et la ménopause sont autant de périodes où le risque de développer une candidose est accru. Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et l’insulinorésistance sont également souvent associés à une candidose chronique.


Pour réguler ces déséquilibres hormonaux, l’approche fonctionnelle recommande de soutenir l’équilibre hormonal par des ajustements alimentaires, des plantes adaptogènes, et des interventions ciblées comme la réduction du sucre et la gestion du stress.



Conclusion : traiter la candidose digestive en profondeur


La candidose digestive est bien plus qu’une simple infection fongique. Elle est le reflet d’un déséquilibre plus global du corps, incluant des dysfonctionnements digestifs, immunitaires, hormonaux et parfois psychologiques. Pour la traiter efficacement, il est essentiel d’adopter une approche globale, fonctionnelle et individualisée.


Si vous présentez certains des symptômes évoqués dans cet article, n’attendez pas pour prendre rendez-vous et bénéficier d’une prise en charge personnalisée. Ensemble, nous pourrons mettre en place une stratégie de soin qui, au-delà de l’éradication du Candida, visera à restaurer durablement votre santé intestinale et globale.


Remarque : Les informations fournies dans cet article sont données à titre informatif. Pour toute question ou préoccupation concernant votre santé, il est crucial de consulter un professionnel de santé.

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