En tant que docteur en pharmacie spécialisé en santé fonctionnelle et intégrative, je rencontre fréquemment des patients souffrant de carences en fer. Ce minéral essentiel joue un rôle crucial dans la production de globules rouges et le transport de l’oxygène. Pourtant, un déficit en fer peut entraîner des symptômes tels qu’une fatigue intense, des vertiges ou encore une chute de cheveux. La réponse courante à ces symptômes consiste souvent en la prescription d’un supplément en fer. Mais est-ce suffisant ? Avant de commencer tout traitement, il est indispensable de se poser la question suivante : “Pourquoi suis-je carencé.e en fer ?”
Pourquoi souffrez-vous d’une carence en fer ?
Le fer est un nutriment clé, impliqué dans de nombreuses fonctions biologiques. Une carence en fer, appelée anémie ferriprive, est une condition fréquente qui affecte des millions de personnes dans le monde. Cependant, le traitement systématique par supplémentation peut parfois masquer des déséquilibres sous-jacents qui nécessitent une prise en charge plus approfondie.
L’un des aspects les plus frustrants pour les patients est la persistance de leurs symptômes malgré la prise de compléments. Cela peut être dû au fait que la véritable cause de la carence n’a pas été identifiée. Les carences en fer peuvent être causées par plusieurs facteurs :
• Défaut d’apport alimentaire : Les personnes qui suivent un régime pauvre en fer, comme les végétariens ou les vegans, peuvent ne pas consommer suffisamment de fer.
• Mauvaise absorption intestinale : Des problèmes digestifs, tels que des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin ou un déséquilibre du microbiote, peuvent empêcher une absorption adéquate du fer.
• Pertes sanguines excessives : Les femmes ayant des menstruations abondantes ou les personnes souffrant de saignements digestifs peuvent perdre une grande quantité de fer chaque mois.
• Stress chronique et effort physique intense : Chez les sportifs, notamment les athlètes d’endurance, l’augmentation de la destruction des globules rouges et les pertes par la sueur peuvent conduire à une carence en fer. Le stress chronique, quant à lui, peut épuiser les réserves de fer.
La diversité des causes signifie que la carence en fer doit être abordée de manière personnalisée, en tenant compte des antécédents et du mode de vie de chaque patient.
Une analyse de fond : comprendre les mécanismes sous-jacents de la carence en fer
Dans mon approche de santé fonctionnelle, je m’efforce toujours de comprendre la source de la carence plutôt que de me concentrer uniquement sur les symptômes. L’analyse de bilans biologiques approfondis est essentielle pour obtenir une image précise du statut en fer du patient. En effet, le taux de fer sérique seul ne suffit pas à diagnostiquer une carence en fer avec précision.
Voici les principaux marqueurs biologiques à analyser pour évaluer correctement le statut en fer :
• Ferritine : La ferritine reflète les réserves de fer dans l’organisme. Un faible taux de ferritine indique un épuisement des réserves, même si le fer sérique est normal.
• Taux de saturation de la transferrine : Cet indicateur mesure le pourcentage de fer transporté dans le sang. Un faible taux de saturation peut indiquer une carence fonctionnelle en fer.
• Capacité totale de fixation du fer (TIBC) : La TIBC permet de déterminer la capacité de l’organisme à lier et à transporter le fer. Un taux élevé de TIBC peut révéler un déficit en fer.
Ces marqueurs, interprétés ensemble, permettent de comprendre si le problème vient d’un apport insuffisant en fer, d’une mauvaise absorption ou d’une perte excessive de ce minéral. L’objectif est d’aller au-delà d’un simple traitement palliatif pour proposer une solution curative et durable.
Restaurer les déséquilibres sous-jacents
Le traitement d’une carence en fer ne doit pas se limiter à la supplémentation. Il est crucial de traiter les causes sous-jacentes pour prévenir la récidive de la carence. Selon l’origine de celle-ci, plusieurs stratégies peuvent être mises en place :
1. Améliorer l’absorption intestinale :
Si la cause de la carence est une mauvaise absorption, il est essentiel de travailler sur la santé intestinale. Un déséquilibre du microbiote peut perturber l’assimilation des nutriments, y compris le fer. Dans ce cas, une rééducation alimentaire et la prise de probiotiques adaptés peuvent aider à rétablir l’équilibre intestinal.
De plus, la réduction de la production d’acide gastrique (hypochlorhydrie) est souvent un facteur clé dans les troubles de l’absorption du fer. Dans ce cas, des stratégies pour stimuler l’acidité gastrique seront mises en œuvre, comme l’utilisation de compléments alimentaires contenant de la bétaïne HCl.
2. Gérer les pertes sanguines :
Chez les femmes souffrant de règles abondantes, ou chez les patients présentant des pertes de sang occultes (comme dans le cas d’ulcères digestifs), il est nécessaire de prendre en charge ces conditions. Cela peut inclure un suivi gynécologique ou gastro-entérologique pour traiter la cause des saignements excessifs. Dans certains cas, une régulation hormonale peut être envisagée pour équilibrer les cycles menstruels.
3. Réduire le stress et soutenir les athlètes :
Le stress chronique a un impact considérable sur les réserves en fer. Le cortisol, hormone du stress, peut augmenter les besoins en micronutriments, y compris le fer. Pour cela, une prise en charge globale du stress est nécessaire, associant des techniques de relaxation, comme la méditation ou la cohérence cardiaque, et un soutien nutritionnel adapté (magnésium, vitamines du groupe B).
Quant aux sportifs, ils doivent adapter leur alimentation et leur apport en fer en fonction de leur niveau d’activité physique. Une attention particulière doit être portée aux pertes liées à l’effort physique, notamment chez les athlètes d’endurance.
Adapter son alimentation et choisir les bons compléments
Même avec une alimentation équilibrée, il est possible que les apports en fer ne suffisent pas à corriger une carence profonde. Il est donc nécessaire d’associer à une alimentation optimisée des compléments en fer bien tolérés et biodisponibles.
Quels aliments privilégier ?
• Viande rouge, abats (notamment le foie de bœuf) : riches en fer héminique, la forme la plus facilement absorbée par l’organisme.
• Légumes à feuilles vertes, lentilles, haricots : bien que moins riches en fer héminique, ces aliments sont d’excellentes sources de fer non-héminique.
• Vitamine C : l’association d’aliments riches en vitamine C (poivrons, oranges, fraises) avec des aliments contenant du fer améliore l’absorption de ce dernier.
En cas de carence sévère, des compléments alimentaires sont souvent nécessaires. Le choix du supplément est primordial, car certains types de fer sont mal tolérés et provoquent des effets secondaires, notamment digestifs. Le fer bisglycinate, une forme hautement biodisponible et mieux tolérée, est généralement recommandé. Il est assimilé plus efficacement que le fer ferreux classique et présente moins de risques de constipation.
Une approche globale et durable
L’approche fonctionnelle vise à corriger durablement les déséquilibres et à prévenir les récidives de carence. En traitant la cause sous-jacente plutôt que de masquer les symptômes, il est possible de rétablir une bonne santé générale et d’éviter les rechutes.
Cette approche globale s’adapte à chaque patient et tient compte de sa situation unique. Cela permet d’offrir une prise en charge individualisée qui va au-delà de la simple supplémentation. En identifiant les déséquilibres et en ajustant les habitudes alimentaires, le mode de vie et le traitement, la santé fonctionnelle propose une réponse complète et durable à la carence en fer.
Si vous vous reconnaissez dans certains des symptômes évoqués dans cet article ou si vous souhaitez mieux comprendre votre état de santé, je vous invite à prendre rendez-vous pour une consultation. Ensemble, nous évaluerons votre situation et mettrons en place une prise en charge adaptée et personnalisée.
Disclaimer : Pour tout problème de santé, il est essentiel de consulter votre médecin.
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